Portrait de notre President Aventure Handicap Lorraine

PORTRAIT
FLÉVILLE-DEVANT-NANCY : 
« PROUVER QU’ON N’EST PAS FOUTU QUAND ON EST HANDICAPÉ »
David Othenin, gravement handicapé après un AVC à 22 ans, se lance un défi : cinq jours pour avaler une série de cols alpins dont les dénivelés cumulés atteignent l’Everest. Et ce, à vélo couché !



« Je veux faire ça en écho aux exploits des grands hommes du Tour de France. » Photo Frédéric MERCENIER

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C’était à un mariage, un jour de fête, il était jeune et plein d’avenir. Depuis toujours, ………ortif. Mais comme un sniper touche sa cible sans crier gare, un AVC l’a frappé. David Othenin avait 22 ans. L’âge où tout a basculé. « Et cette année, ça va faire 22 ans, exactement la moitié de ma vie. Non mais quand même, une vraie m... ce truc-là ! »



Le coma a suivi, d’où David, l’enfant de Fléville, est sorti complètement incapable de parler. « Tout le monde se demandait si je n’allais pas finir beubeu. » Le bras droit était devenu incontrôlable, et, littéralement, il ne tenait plus debout. « C’est à rendre fou : mes jambes fonctionnent, mais dès que je tente de me mettre à la verticale, je m’effondre. Aucun équilibre. »

On l’aura compris, David parle à présent, malgré une difficulté d’élocution persistante. Et le bras s’est assagi, « même s’il me faut des heures pour écrire trois lignes ! ». En revanche, la station debout lui est toujours impossible, et il voit flou. David a dû apprendre à vivre avec son statut de personne handicapée.

Malgré diverses formations, les portes du marché du travail lui sont restées closes. Le jeune homme a donc rapidement reporté toutes ses frustrations et son énergie dans le domaine du sport. « Le foot, c’était fini. Entendu. Mais je pouvais nager, faire de la muscu, je pouvais même pédaler sur un vélo couché. »

Dans son petit appartement nancéien, au pied du placard garni de trophées, le jeune homme évoque ses débuts en handisport, lorsqu’il s’est essayé d’abord au handbike (vélo entraîné par le pédalage manuel), puis au tricycle couché qui lui permettait de mettre ses jambes en action. Les victoires se sont succédé dès le premier défi.

Je crois qu’on va pleurer

« Et j’ai eu envie de voir du pays. C’était parfaitement possible avec l’association Aventure Handicap France, qui organisait des raids en groupes, mélangeant valides et handicapés pour sillonner Maroc, Sénégal, Mali, Chili, Antilles, etc. 25 au total. »

Des raids à vélos, embarqués dans des 4X4 entre deux étapes, qui ont permis au tenace Lorrain de s’éprouver dans des situations parfois épiques. Désert compris. « Des pays où je peux vous dire qu’il n’y a pas grand-chose d’adapté ! »

Rien qui puisse l’arrêter. Cet homme a des choses à se prouver. En témoigne l’exploit sportif pour lequel il se prépare et qui occupe aujourd’hui toutes ses pensées : un raid dans les Alpes à vélo couché avec une demi-douzaine de cols au bas mot, à franchir en cinq jours.

« Là, je crois qu’on va pleurer ! » David en sourit mais ne masque pas son anxiété. « Une histoire de fou. Je viens de calculer qu’au total, on va s’absorber 8.833 m de dénivelé. À peu de chose près, l’équivalent de l’Everest. Tout le monde me dit qu’on est complètement fondus de s’embarquer là-dedans et je ne suis pas loin de le croire. »

Ce « on » inclut cinq hommes au total. David donc, et Jérôme Giraudat, un ami parisien hémiplégique. Tous deux à vélo couché. Sur son vélo classique, les accompagnera le Toulousain, Christophe. À bord de la voiture d’assistance, le cameraman Jean-Antoine, et Bernard Othenin, le père de David, habitant de Fléville.

Et, entre deux ascensions, ils s’accorderont le repos dans des conditions spartiates : sous la tente. David ne veut surtout pas avoir à réclamer d’argent. « On ne cherche pas des mécènes, on veut juste que ça se sache. Montrer qu’on peut le faire. Il y en a qui pensent qu’on est foutu ? Hé ben non. Enfin, j’espère que non ! » David a le mental de ceux qui déplacent des montagnes. La conviction de ceux qui avalent des cols.

Lysiane GANOUSSE

5 commentaires:

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